En matière de décoration et d’esthétique, et ce, depuis bien des années, le bleu et ses nuances ne manquent pas de répondant pour assouvir toutes les envies et les idées. En effet, la couleur s’adapte aussi bien en palettes de peinture qu’en idée de décoration pour la chambre ou le salon. De plus, il s’apparente aussi bien aux meubles qu’au fond de teint d’une pièce.
Parmi les nuances de bleu utilisées en décoration, on retrouve le bleu turquoise, le bleu canard, bleu nuit, bleu marine ou encore bleu pétrole. Toutefois, une nuance se démarque des autres par son aspect prononcé, vibrant et, autrefois, réservé à quelques privilégiés. Il s’agit du bleu Majorelle, mis au point par un célèbre peintre en 1956.
Qu’est-ce que le bleu majorelle ?
Dans la gamme des bleus, certaines nuances se différencient plus facilement par leur ton, qui est identifiable dès la prononciation du nom de la couleur. En outre, il est facile de caractériser un nom propre comme le bleu clair ou le bleu marine (qui se réfère au bleu de la mer profonde). Toutefois, le bleu Majorelle évoque plutôt une idée de voyage, plus particulièrement le Maroc.
Historique
En 1937, un peintre orientaliste, Louis Majorelle, et fils d’un célèbre ébéniste, décide de peindre la façade de son atelier à Marrakech. Pour ce faire, il va utiliser une couleur particulière, un bleu profond qui porte aujourd’hui ce nom tel qu’on le connaît : le « bleu Majorelle ».
Ce bleu typique de la ville du Maroc se présente comme une couleur d’outremer, auquel on lui adoucit une pointe de violet. Souvent comparé au « bleu Klein », une autre nuance de bleu issu d’un autre peintre. Bien que dans la pratique, il est difficile et délicat de les différencier, le bleu Majorelle est toutefois plus chaud que ce dernier.
Qui fabrique le bleu Majorelle ?
C’est donc au Maroc que le peintre Jacques Majorelle va créer pour la première fois ce bleu fantaisiste. En effet, l’artiste va utiliser cette couleur pour ses nombreux ateliers connus dans le pays, mais aussi ses jardins, d’où le nom du fameux Jardin Majorelle. Ce dernier s’abrite d’une véritable splendeur végétale à la fois luxuriante et naturelle. Il représente une véritable attraction touristique, pour laquelle on peut visiter la ville.
À la fois profond et vif, franc et lumineux, le bleu Majorelle est maintenant répandu un peu partout dans le monde. Toutefois, on le retrouve surtout dans de multiples pays du sud, où la couleur invite au voyage, aspire à la chaleur, la lumière et aux vacances. Enfin, il est indéniablement représentatif du Maroc.
Yves Saint Laurent et le bleu Majorelle
En revenant quelques décennies en arrière, dans les années 60, on retrouve un puissant duo de la mode, qui n’est autre que Pierre Bergé et Yves Saint Laurent. Ces derniers se voient visité la ville de Marrakech, qu’ils n’apprécient pas les premiers jours, jusqu’à ce qu’ils découvrent une lumière particulière qui attire leurs yeux.
Un endroit, une histoire
Séduits par la couleur qu’ils assimilent à une oasis aux couleurs de Matisse, le duo achète le lieu et entreprend d’importants travaux de rénovation. Cet endroit représente le cœur de l’inspiration du célèbre styliste, où il passe toutes ses journées à dessiner ses créations.
Aujourd’hui, Majorelle est imprégnée des souvenirs de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent. Afin de laisser une empreinte dans l’histoire, un musée est créé à cet endroit, dans le but d’y consacrer son œuvre, qui doit tout à ce pays.
Quelle couleur de peinture correspond à la ville de Marrakech d’Yves Saint Laurent ?
Un simple voyageur se promenant dans Marrakech peut directement percevoir l’importance que les Marocains attribuent aux couleurs. Bien que les préférences varient selon les goûts, on distingue une véritable identité, allant des textures industrielles, franches et éclatantes aux teintures artisanales obtenues à partir de végétaux, et ceci, en dépit de la demande d’une clientèle européenne.
Toutefois, la couleur qui semble le plus apporter son empreinte est le brun ocre, qui règne en majorité sur le paysage Marocain. Cette couleur provient de la terre crue, utilisée comme matériau de construction.
Avec quelles couleurs associer le bleu majorelle ?
Si les murs d’un étang de nénuphars (comme le jardin de Monet sous acide) et d’un cours d’eau arabe attenant sont habillés de ce bleu, c’est la maison elle-même, avec sa forme cubique et ses éclaboussures intermittentes de jaune vif, qui donne véritablement au bleu sa scène, d’où son monologue peut être diffusé dans un jardin luxuriant ponctué d’autres éclaboussures de bleu, de jaune et d’orange bien marquées. Les pots et les urnes n’échappent pas au traitement de la peinture, de sorte que l’ensemble du jardin s’unifie en couleurs. C’est comme si aucune plante ni aucun chemin n’avait échappé au traitement d’un designer désireux de créer un défilé de mode cohérent. C’est un jardin chorégraphié pour chanter, pour impressionner. Et il le fait avec aplomb.
Pour adopter le bleu Majorelle sans se louper, voici quelques associations de couleurs directement puiser à la source :
- Le bleu Majorelle et le jaune soleil. Il s’agit de l’association la plus emblématique de la couleur, qui représente parfaitement l’effigie du pays, exotique et éclatant.
- Le bleu Majorelle et le vert s’inspirent directement du jardin du peintre orientaliste. En outre, il apporte une déco méditerranéenne, issue d’une atmosphère « slow life ».
- Le bleu Majorelle et le blanc, qui permet d’avoir un contraste assez détonnant. En outre, il permet de conserver l’éclat et le tempérament de la couleur bleu, qui a tendance à être saturé.
- Le bleu Majorelle et le noir apportent une association à la fois élégante et mystérieuse. Avec une touche de couleur chaude, comme l’orange ou le marron, il est possible de tirer encore plus sur le bleu.
- Le bleu Majorelle et les tons naturels tel que la couleur fauve
Hyper bleu : histoire
Il y a des milliards d’années. . . .
La galaxie s’est formée. La Terre est peut-être connue comme la bille bleue, mais pour un bleu transcendant, hors du commun dans la galaxie, vous ne pouvez pas faire mieux que Neptune. Le méthane de sa haute atmosphère absorbe le rouge du soleil mais renvoie le bleu dans l’espace. Faisant allusion à la possibilité de l’au-delà, c’est la couleur parfaite pour signifier tout ce qui est vaguement céleste.
1000 BC-1 BC
Les pharaons égyptiens se mettent au lapis-lazuli. Préféré par les pharaons et trouvé dans les tombes préhistoriques, le lapis-lazuli était une pierre très prisée utilisée pour les sceaux officiels, les bijoux et les cosmétiques. Il était également utilisé par les artisans de la civilisation de la vallée de l’Indus et les anciens Sumériens (qui l’ont probablement récupéré dans des mines en Afghanistan). Beaucoup plus tard, Michel-Ange appliquera de la poudre de lapis-lazuli sur la chapelle Sixtine.
1471
Fondation de Chefchaouen, « la perle bleue du Maroc ». Surnommée la « ville bleue » pour ses bâtiments d’un bleu poudreux et crayeux aux finitions diluées, semblables à celles d’une aquarelle, cette charmante ville marocaine fait honneur à son surnom. Bien qu’il existe plusieurs théories pour expliquer sa couleur (par exemple, pour repousser les moustiques, se rafraîchir en été ou pour des raisons spirituelles), le fait d’être hautement Instagrammable n’a fait qu’aider.
1665
Vermeer peint la Jeune fille à la boucle d’oreille de perle. L’une des pièces les plus connues de Johannes Vermeer, ce portrait légendaire met en scène une jeune fille portant un large turban bleu et or. Le bleu qu’il a utilisé n’était pas n’importe quel pigment, mais du lapis-lazuli écrasé, pour mieux faire ressortir cette boucle d’oreille unique.
1706
Le pigment bleu de Prusse est inventé. Le bleu de Prusse, qui reste une énigme, est le premier pigment purement synthétique, créé par un coloriste de Berlin lors d’une expérience d’oxydation du fer qui a mal tourné (et nommé d’après le pays où il a été inventé). Il a connu un succès immédiat et s’est révélé être une copie commode du lapis-lazuli, notamment dans les peintures.
1842
Les plans d’architecture sont inventés. Pourquoi du bleu pour les plans ? Les scientifiques ont réalisé que l’enduit de citrate de fer d’ammonium et de ferrocyanure de potassium réagissait pour former un composé bleu, sauf là où le papier à plans était couvert. Ils obtenaient ainsi une image négative sur un fond bleu, un procédé bien plus rentable que le traçage manuel.
Fin des années 1940
Henri Matisse commence à réaliser des découpages, dont l’un devient viral. Avant que les silhouettes abstraites de Matisse ne deviennent l’objet de boucles d’oreilles et de tableaux d’humeur, ses papiers découpés étaient connus pour leur économie de forme. L’un d’entre eux en particulier – son super célèbre Nu bleu II – présente un papier peint à la gouache bleue.
1947
Ouverture au public du Jardin Majorelle, devenu l’un des sites les plus visités du Maroc. Marrakech est peut-être la « ville rouge », mais le peintre français Jacques Majorelle avait une idée en tête lorsqu’il a créé ce qui est aujourd’hui l’une des destinations les plus populaires de Marrakech : un jardin botanique et une villa peints d’un cobalt vif.
1960
Yves Klein dépose un brevet pour International Klein Blue. Ne se contentant pas des nuances de bleu existantes, l’artiste français Yves Klein a travaillé avec un chimiste pour mettre au point son propre bleu outremer, désormais connu (et breveté, bien sûr) sous le nom d’International Klein Blue. Il l’utilise pour peindre près de 200 toiles monochromes, qualifiant le processus de « fenêtre ouverte sur la liberté ».
1965
Les hyperliens font leur apparition. Quelques années seulement avant le début des travaux sur ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom d’internet, des scientifiques espéraient pouvoir partager des documents et des idées en utilisant des liens qui relieraient les pages. C’est assez simple, mais pourquoi le bleu ? Notre intuition est liée au daltonisme. Les personnes qui sont daltoniennes peuvent encore distinguer le noir du bleu, comme Mark Zuckerberg, qui a utilisé le pour le logo de Facebook afin de pouvoir le voir.
1968
James Turrell dévoile Orca Blue-Red. Pas étonnant que tant d’artistes aient eu une période bleue. L’artiste James Turrell a donné à la lumière une présence physique avec ses installations telles que Orca Blue-Red, dans laquelle il a utilisé un faisceau de lumière bleue hautement chargée pour former un cube et laisser entrevoir quelque chose de plus mélancolique.